Introspection

Trente et une années que je respire sur cette terre sur laquelle j'aspire depuis toujours apporter ma propre essence de pensée. Les plaies du passé sont pansées mais l'esprit se stérilise. J'ai été de tous ces combats d'idées, j'ai écrit et échangé tant de lignes sur des listes de discussion pendant tant de mois. Je n'ai qu'un moi mais aujourd'hui, suis-je convaincu que celui-ci s'est un peu perdu. Le temps s'écoule mais presque plus rien ne sort de ma plume ou de mon cerveau car je marche inexorablement sans plus vraiment de passion réellement brûlante, sans plus vraiment de conviction profonde en quelque-chose de motivant.

Dans le train, dans ma marche matinale et puis enfin échoué autour d'un verre d'une boisson chaude dans cette pièce de méditation à mon travail, je m'immobile un peu en comprenant que la pression de la normalité possède chaque jour sa part de responsabilité dans mon sombre devenir. Cette normalité aura ma peau. Ma conscience s'est peu à peu laissé dévorer par des sujets trop peu intellectuels, ces mêmes sujets qui amusent et alimentent les conversations de la majorité de mes semblables. Les livres de psychologie analytique ont laissé place à des explorations internet décousues sur une toile de verre tactile à la mode.

Je suis devenu bête, je m'en excuse. Je baisse les bras sous la pression. J'ai perdu ce pouvoir d'intense émerveillement face à la nouveauté qui me faisait si différent. J'ai perdu la curiosité, le pouvoir d'interrogation constituant l'un des moteurs primordial d'une ascension intellectuelle. Un homme qui ne s'interroge plus est un être en crise d'existentialité. Est-ce une crise temporaire ou vouée à la durée ?

Régulièrement, il m'est déjà arrivé d'être touché par cette crise identitaire mais devant la nette frustration de ne plus arriver à la moindre production personnelle par manque de temps ou/et de motivation, la crise s'installe toujours plus profonde et devient progressivement de plus en plus pénible. Qui suis-je au juste ? Suis-je condamné comme mes pairs à traverser cette fameuse phase d'incertitude dans laquelle on se croit l'imposteur ?

Aujourd'hui, tout comme demain, je réflechi continuellement aux solutions pour reprendre le cours de mes créations...Presque impuissant.