Révérence filiale
Je pense que le plus beau dans une existence, c'est de parvenir à faire la paix une bonne fois avec le passé par la révérence de tous, sans exception, même de ceux qui nous ont offensés ou pas reconnus à notre juste valeur de leur vivant. Les années passent et mes propres désillusions ainsi que adversités conduisent mon esprit dorénavant à la bienveillance. Il me semble avoir toujours été empreint de sagesse et me voici désormais conduit à toujours plus de probité. Même s'ils en furent aucunement capables, on ne peut se revendiquer d'un esprit chrétien si on ne s'applique pas déjà à soi-même l'élémentaire d'une telle droiture. Les anciens ont eu leur histoire et nul ne saurait pouvoir prétendre en connaître tous les détails ; il en devient donc difficile d'en porter un jugement purement objectif. Le jugement n'est jamais le plus juste lorsque le guide est le ressentiment. Passé le ressentiment, ils demeurent des êtres humains avec leur lumière et leur ombre. Après tout, sans eux, ma propre existence aurait été totalement compromise et au cœur de tout cela, il convient tendrement de les assimiler à l’œuf dont j'ai pu éclore. Après tout, quand l'interdit du dialogue venait d'eux, je ne pouvais y aller contre et culpabiliser pour cette absence. Quant aux vivants qui subsistent, ils sont libres de leur choix ; je ne saurai comprendre et juger la totalité de leur dépit. Disons simplement que la seule chose réellement condamnable demeure dans l'observation d'une incapacité chez beaucoup d'avoir privilégié l'intérêt personnel sur l'intérêt général d'une collectivité. De ce fait, on manqua certes de très peu le devoir d'une relation intergénérationnelle mais ce fut malheureusement suffisant.