Jean D'Ormesson et Johnny Hallyday
La vie est pleine de roses. Il convient de ne jamais en oublier le pendant des épines. On guérit d'autant plus facilement du temps des épines qu'il y a le temps des roses. On savoure d'autant plus les roses qu'il aura fallu passer par le déchirement des épines pour les obtenir. Ce qui est toujours un moment particulièrement épineux, ce sont les départs des roses pour le ciel qui faisaient en quelque-sorte notre bonheur. La mort est souvent associée à la nuit après le crépuscule ; paradoxe délicieux quand la disparition d'Ormesson rime avec l'or de Messon dans le département de l'Aube. Sa disparition, un champagne couleur d'or au goût amer, même s'il savait mieux que quiconque nous inculquer que le bonheur enfante de l'amertume car comment savourer la lumière en l'absence de nuit ? Lui qui fut lui-même fort malheureux en amour avant de rencontrer si formidable épouse en ayant le béguin pour Françoise, je me dis que la vie me semble si délicieuse dans mon cheminement solitaire d’espérances, justement parce qu'elle est sans cesse perturbée de multiples remous. "Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu." disait le vieux sage.
Quant à Johnny, quand il interprétait "L'envie" en 1986 écrit par Jean-Jacques Goldman, les premiers couplets ne disaient pas mieux :
Qu'on me donne la faim la soif puis un festin
Qu'on m'enlève ce qui est vain et secondaire
Que je retrouve le prix de la vie, enfin !"
Une belle leçon de vie et de persévérance.
L'un pour sa philosophie du bonheur, l'autre pour sa combativité jusqu'à l'ultime point de son cancer.