Tourné, monté
La spontanéité dans mes photographies vaut celle dans mes cinématographies. Rien ne sert de compliquer le geste, tout est offert d'une seule traînée chronologique digeste. Le "tourné, monté" est la façon de témoigner la plus directe au travers d'une fenêtre aux battants démontés, ne se voulant point détournée par de minables remaniements. Comme beaucoup, j'ai initialement compté sur les effets spéciaux post-tournages pour combler le déficit d'observation et de créativité, jusqu'au jour où je me suis rendu compte que l'absence même de ces artifices se voulait davantage explosive auprès de mes spectateurs. On nous vante le qualitatif des caméras à profondeur de champ variable pour le cinéma par soucis d'esthétisme des nettetés limitées mais on oublie trop souvent que la vision naturelle du monde qui nous entoure est plutôt à la netteté intégrale et que le bel ouvrage sauvage s’accommodera totalement d'un outil bien plus modeste par la profondeur de son message. Tourné, monté, rapide et machinal, tel me semble être le regard instinctivement génial produit par l'amateur (celui qui aime).