L'épreuve
L'épreuve fait partie du quotidien. Elles s'imposent même en escadrille le temps de chaque journée d'une vie terrestre. On a habituellement assez peu de difficulté à les accepter quand elles répondent au schéma normal existentiel s'imposant à nous-mêmes comme à notre voisin. Elles deviennent soudainement beaucoup plus difficiles à accepter quand elles surviennent dans un cadre inattendu, dans celui répondant habituellement au cercle du bonheur et de l'expansion personnelle. Heureux celui dont les épreuves ressemblent sans détour à celles de ses semblables car elles peuvent être partagées sans le risque de dépréciation sociale. Plus malheureux celui dont l'épreuve est plus particulière car le sentiment de solitude commence par le risque de dépréciation sociale et d'incompréhension du collectif. Comme tout être humain, celui-ci aura tout d'abord touché dans un premier temps enfin à un bonheur qui représente traditionnellement l'attente, la consécration de toute une vie, à savoir de pouvoir la donner. Dans un second temps, quand l'évolution du petit être n'épouse pas le stéréotype normé modèle, le bonheur du début peut rapidement se transformer en sujet de déception profonde, de questionnement sur le pourquoi de ce revers, voire de décrépitude quand les phrases blessantes sont employées. Du bonheur au cauchemar, la distance est finalement ténue. Soudainement, les comparaisons inévitables avec l'autre laissent apparaître peu à peu le fossé qui nous sépare de ce qui aurait pu être le vrai bonheur. Ce qui aurait pu représenter une croissance sociale aux yeux des autres devient soudainement le point noir. Un point noir qui mène pour commencer à la dépréciation, puis à la dépression.